Au charbon
Mardi 3 août 2010
Werden – Grevenbroich – 74 km – 5h57 - 12 km/h – 46 km/h maxi
Nous quittons le camping par le chemin qui continue de longer la Ruhr. Il fait beau, la piste est plate, empruntée seulement par des piétons et des cyclistes. Et des cocotiers en bordure de plage ? Mais non, nous ne sommes pas dans un rêve ! Nous suivons les méandres de la rivière sur quelques kilomètres jusqu’au village de Werden où nous retrouvons la route. Dommage que ce soit si court !
Nous sommes à Düsseldorf en début d’après-midi et nous pique-niquons au pied d’une tour qui semble un peu incongrue parmi les maisons et les petits immeubles. En matière architecturale, l’Allemagne n’a pas la folie des grandeurs et cet immeuble ressemblerait presque à une œuvre d’art dans le paysage.
Il faut bien calculer pour passer le Rhin par un pont qui ne soit pas autoroutier. Et nos cartes ne sont pas d’une grande utilité pour nous diriger en ville. La boussole et le sens de l’orientation de Dominique font encore merveille. Nous quittons peu à peu cette immense agglomération pour nous retrouver dans les champs. Carottes, pommes de terre, haricots à rames, fraises à perte de vue... Quand vous commencez la récolte, il faut surtout éviter de regarder le champ immense, comme vous éviteriez de regarder le vide si vous étiez sujet au vertige. Un cauchemar de cueilleur !
Puis c’est un champ de glaïeuls que les passants peuvent venir cueillir eux-mêmes.
Plus loin, nous assistons à la récolte des choux que les agriculteurs déposent sur un tapis roulant.
En partant ce matin, nous n’avions pas d’objectif précis car il n’y a pas de camping dans la région que nous traversons, seulement quelques curieuses zones blanches sur notre carte où de rares routes semblent aboutir dans le vide... Il s’agit des plus grandes mines à ciel ouvert d’Europe. Le charbon y est extrait et exploité sur place par les centrales thermiques implantées dans le voisinage immédiat, transitant par des tapis roulants sur plusieurs kilomètres.
Peu à peu depuis quelques dizaines d’années, des agriculteurs ont été expropriés et des hameaux rasés, ce qui a valu un reportage qui racontait l’histoire d’un irréductible Teuton, pot de terre contre pot de fer, refusant de partir jusqu’à se retrouver isolé, cerné par les excavatrices déjà au travail. Et bien obligé de céder à son tour...
A cause de l’exploitation encore importante du charbon, les Allemands ne sont pas exemplaires dans le combat mené contre les gaz à effet de serre, même si le pourtour du site est parsemé de champs d’éoliennes !
La journée est bien avancée et, maintenant que nous avons retrouvé notre latitude habituelle, nous souhaitons trouver un camp avant d’être surpris par la nuit. Ce sera donc une nuitée gratuite en bordure de la mine, où le bruit de fond des tapis roulants et des machines ne nous empêchera toutefois pas de dormir. Nous n’exigeons pas un cadre romantique pour nous endormir tous les soirs !